Quelques réflexions sur l’apprentissage de la langue anglaise
Par M. Fellows
Professeur d’anglais, lycée Edouard Gand
Pendant ma carrière, je me suis rendu compte de plusieurs choses concernant l’apprentissage de la langue anglaise aux apprenants français:
- La moitié de la langue anglaise est en fait du français à la base, grâce à Guillaume le Conquérant, un Normand. Après son invasion de l’Angleterre en 1066, le français est devenu la langue officielle de la cour pendant plus de 300 ans. Les premières universités britanniques datent de cette époque. D’ailleurs, il n’est pas surprenant de rencontrer des similitudes linguistiques, au niveau de la prononciation, entre l’anglais et le dialecte normand très proche du picard ! (voir annexe 1 ci-dessous pour en savoir plus et pour un petit jeu). En revanche, les petits villages à la campagne ont gardé la langue des tribus germaniques : les Angles, les Saxes et les Jutes. D’où l’évolution de la langue dans deux directions. (voir annexe 2 ci-dessous pour en savoir plus et pour un deuxième petit jeu, avec remerciements à Mme Besson)
- Les structures de la langue anglaise qui sont les plus compliquées à comprendre pour les Français sont celles qui sont les plus simples et basiques pour les anglais. C’est tout simplement parce que, dès la naissance, les bébés britanniques entendent les verbes qui ont leur origine dans la partie Anglo-Saxonne de la langue. Les Germaniques formulaient leurs verbes de mouvement à partir du concept de l’homme dans son environnement. Il y a le verbe qui indique la nature de l’action (come, go, bring, take, put, et get sont les plus courants) suivi par une préposition qui indique la direction du mouvement (in, out, up, down, on et off sont les plus courants). Toutes les combinaisons de ces 6 verbes et 6 prépositions existent en anglais, ce qui fait 36 combinaisons possibles, et la grande majorité sont des verbes de mouvement (come in, go out, get up, etc.). Il suffit de les apprendre par cœur pour avoir une bonne base de verbes utiles.
- Il y a des faux amis, c’est-à-dire les mots qui se ressemblent en anglais et en français, mais qui n’ont pas la même signification. A première vue, des pièges qui pourraient décourager des débutants. Pourtant, il y en a très peu, environ 200, parmi lesquels des expressions qui s’utilisent dans des situations professionnelles précises, donc pas forcément essentielles pour communiquer dans la vie de tous les jours.
- Concernant la prononciation, la bouche contient des muscles qui travaillent chaque fois qu’on parle pour prononcer les mots. Il y a plusieurs sons qui n’existent pas en français, et vice versa. Les anglais ne roulent pas les ‘r’ par exemple, et les français n’arrondissent pas la bouche de la même façon pour prononcer le son ‘o’ (symbole phonétique). Donc, parler une langue c’est comme faire du sport – il faut faire chauffer les muscles !
- Il est également important de préciser l’ordre des étapes d’apprentissage d’une langue. La première étape est d’écouter son interlocuteur, et ensuite de répéter. Si on n’écoute pas d’abord, on ne peut pas apprendre à parler.
- La prononciation des voyelles posent aussi problème. Il n’y en a que 5 (a, e, i, o, u) mais il y a une vingtaine de façons de les prononcer.
- La moitié du travail d’un enseignant en langues est de convaincre l’apprenant que c’est comme ça et pas autrement, acceptez-le! Elle s’appelle une langue étrangère pour une raison – elle est étrange!
- La traduction mot à mot ne peut pas fonctionner – il y a des structures spécifiques à chaque langue, et plein d’expressions idiomatiques. Il ne faut surtout pas se fier à Google translate !
- Apprendre une langue n’est pas comme faire du vélo, ça ce pratique régulièrement, comme un instrument de musique !
- Répéter un nouveau mot de vocabulaire 10 fois (dans une phrase pour montrer le contexte/sens) – c’est assimilé.
- Le besoin d’être sûr de soi avant de s’exprimer à l’oral est très courant. Les élèves savent en dire bien plus qu’ils ne le pensent mais ils ont un réel problème de confiance en eux.
- Pour terminer, les Français ont souvent peur du ridicule. L’erreur est pédagogique. En tout cas, si on ne fait pas d’erreurs, on n’a pas besoin des cours ! Il faut oser !
Avec mes remerciements à Mme Besson, Mme Hecquet et Mme Bouley pour leurs contributions et corrections.
Annexe 1 :
Si vous n’en avez pas repéré, c’est tout simplement parce que l’orthographe peut vous empêcher de reconnaître la grande ressemblance phonétique – par exemple :
Français : le chat est dans le jardin
Picard : ch’co est din ch’gardin
Anglais : the cat is in the garden
Français : Assieds-toi là !
Picard : sit té lo
Anglais : sit down!
Français : une bouteille
Picard : eun botèle
Anglais : a bottle
Français : une corbeille
Picard : eun basquette
Anglais : a basket
Amusez-vous!
Et ces mots picards, savez-vous à quoi ils correspondent en anglais ?
Candèle ________________
Chucre ________________
Détourber ________________
Itou ________________
Eun moque ________________
Marchi ________________
Ecaper ________________
Annexe 2 :
Ce qui explique également les similitudes phonétiques que l’on peut rencontrer entre l’anglais et l’allemand.
Par exemple :
Anglais : I go to school
Allemand: Ich gehe zur Schule
Anglais: a bus
Allemand: ein Bus (lire “bousse”)
Anglais: father – mother
Allemand: Vater – Mutter
Amusez-vous!
Saurez-vous retrouver les équivalents anglais de ces mots allemands?
zehn _______________
Katze _______________
Tanz _______________
Nuss _______________
Pfennig ______________
Tochter ______________
Nacht _______________
Buch _______________
unter _______________
danke _______________